
La folle histoire d’eFounders qui se mue en HEXA: 12 ans pour passer de la référence du startup studio à la duplication du modèle
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C’est l’une des aventures entrepreneuriales parmi les plus incroyables de la décennie avec la création d’un modèle original de startup studio, qui a donné naissance plus de 30 entreprises, employant 2800 salariés à travers le monde, plus de 700 millions de dollars d’investissements, 7 sorties.
Si le duo Thibaud Elzière, Quentin Nickmans, aurait pu continuer sur le périmètre initial du b2b saas, l’ambition de passer au niveau supérieur les a enjoints à créer HEXA, avec un focus sur les secteurs du climat, de la santé, de l’IA et de l’éducation.
Pour réussir ce défi, Thibaud et Quentin s’allient à Amaury Sepulchre, associé de longue date d’eFounders Autre recrutement d’HEXA, celui Matthieu Vaxelaire – ex-cofondateur et CEO de Colette et CEO de Mention (eF#14) – qui les rejoint en tant que directeur et cofondateur du studio.
Camille Tyan a en charge Logic Founders, le startup studio spécialisé dans la fintech. Florent Quinti pilotera 3founders, le startup studio spécialisé dans le web3.
Bien entendu Thibaud Elzière est l’une des 100 personnalités de la tech française qui nous a marqué en 2022 et que nous vous proposons de retrouver dans ce numéro spécial de FRENCHWEB SCALE pour évoquer l’évolution du modèle d’eFounders en HEXA et comment avec ses associés il compte accélérer son développement.
Thibaut Elzière : des studios à l’impact, ou la fabrique artisanale de startups
Passé par un stage non validé chez Amen, incubateur de vocations plus que d’ECTS, Thibaut Elzière a choisi d’emprunter la voie de l’entrepreneuriat. La vente de Fotolia à Adobe lui offre une liberté que peu de fondateurs peuvent revendiquer au début d’un projet. En 2011, il lance eFounders, un startup studio qui deviendra l’un des rares acteurs européens à installer durablement un modèle d’entrepreneuriat collaboratif.
« Créer une boîte, ce n’est pas industriel, c’est de l’artisanat », rappelle-t-il calmement. Tout part d’un besoin vécu : les premières startups d’eFounders (Mailjet, Mention, Textmaster, Front, Aircall) répondent à des manques identifiés au sein de Fotolia. Aucun grand plan stratégique. Juste des douleurs claires et une équipe réduite qui décide d’y remédier.
Un modèle en trois étapes
Chez eFounders, chaque projet suit une trajectoire bien définie : 18 mois pour passer de l’idée au produit autonome. Trois objectifs sont fixés : un produit fonctionnel et attractif (le “minimum lovable product”), une première base d’utilisateurs, et une équipe constituée. L’enjeu n’est pas de garder la startup dans le giron du studio, mais de lui permettre de voler de ses propres ailes.
« Pendant les neuf premiers mois, on fait à la place de l’équipe. Les neuf suivants, on recrute pour qu’elle puisse fonctionner sans nous », détaille Thibaud Elzière. C’est une logique de transition plutôt que d’assistanat, rendue possible par une core team mutualisée d’une vingtaine de personnes : produit, design, communication, recrutement.
Cette approche artisanale a ses limites. « On ne pouvait pas faire plus de quatre ou cinq boîtes par an. » L’ambition de passage à l’échelle impose donc une réorganisation.
HEXA : la suite logique d’un modèle contraint
Face à la difficulté de scaler eFounders sans le dénaturer, Elzière décide en 2023 de créer HEXA, un méta-studio. Son rôle : accompagner la naissance de nouveaux studios verticaux, à l’image de Logic Founders (fintech) ou Thrift (Web3). L’enjeu est double : démultiplier le modèle en s’appuyant sur des entrepreneurs spécialisés, et étendre le périmètre d’intervention à d’autres secteurs comme l’éducation, la santé ou le climat.
« On restera toujours sur du software B2B. Pas question de lancer des éoliennes. » Pragmatique, Thibaud Elzière distingue les secteurs complexes mais accessibles (santé périphérique, outils administratifs) de ceux qui nécessitent des expertises métier plus lourdes. Il évoque par exemple la création d’outils d’aide au pré-diagnostic dans les services d’urgence, pensés pour être utilisés sans intégration aux systèmes hospitaliers.
De l’impact par l’outil
S’il ne revendique pas une approche militante, Thibaud Elzière note l’évolution des motivations chez les fondateurs. « Les bons entrepreneurs ne sont pas motivés par l’argent. Ce qui change, c’est l’importance donnée à l’impact. » Une transformation qu’il observe chez les nouvelles recrues, souvent plus sensibles à la parité, à la diversité et à l’utilité des produits.
Chez eFounders, l’impact n’est pas limité à la thématique produit. Il se joue aussi dans l’empreinte interne : diversité des profils, qualité des recrutements, structure d’équipe. Et il se mesure dans le temps : une quarantaine d’ex-collaborateurs ont déjà fondé leur propre startup. Thibaud Elzière y voit une extension organique du modèle, un écosystème par capillarité.
Vers une souveraineté entrepreneuriale
L’ambition dépasse désormais le cadre du studio. Thibaut Elzière milite pour une forme de souveraineté économique fondée sur la multiplication des initiatives plutôt que sur les grands projets publics. « Ce n’est ni l’État ni les corporates qui vont nous aider. Il faut créer des boîtes, beaucoup de boîtes. »
Il appelle de ses vœux une bourse européenne moderne, capable d’offrir de la liquidité aux startups sans nécessairement passer par des acquisitions américaines. « Ce que je veux, c’est que le commun des mortels puisse investir dans des startups, comme aux États-Unis. » Pas une reproduction du Nasdaq, mais une réinvention : plus fluide, plus lisible, plus accessible.
Une ambition ouverte
HEXA, désormais, est à la recherche de fondateurs de studios. Pas forcément issus de la tech, mais avec un vécu fort dans un secteur, un réseau et une envie de transmettre. « Un peu comme moi, après Fotolia, ils ne veulent plus créer une seule boîte, mais en lancer trente. » Une autre manière d’entreprendre, qui ne s’oppose pas à la startup traditionnelle, mais qui pourrait, avec le temps, en devenir une alternative structurante.
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